Avant d’exercer des carrières, la plupart des gens avaient des métiers. Une carrière est flexible, dynamique et semble en perpétuel changement, ce qui explique qu’elle constitue le but d’une vie. Mon grand-père avait au moins vingt métiers – pas des passe-temps, mais des compétences pour lesquelles les gens le respectaient et le rémunéraient. Il était connu pour ses talents, ce qui lui donnait un but. Il était heureux de relever de nouveaux défis, mais ne refusait jamais une occasion de mettre à profit ses connaissances pour enrichir sa communauté. Il ne s’agissait pas d’une carrière en soi, mais bien de soutien à la communauté.
La fabrication de sirop d’érable, la chasse, le creusement de puits, l’aménagement paysager et l’agriculture faisaient partie de ses métiers. L’ironie du sort est que tous ces métiers sont devenus mes passe-temps. Je ne suis pas payé; en fait, je surinvestis parce que je manque de temps et que j’apprends à la dure, sans mentor. Je travaille pour “jouer” à ce qu’était autrefois le travail de mon grand-père.
Nous sommes à l’âge d’or de l’autodidacte (apprenant autonome) polyvalent et avisé. Nous sommes à une recherche Google de la réponse, mais souvent loin de pouvoir l’exécuter nous-mêmes. Les choses ont changé, mais pas nécessairement pour le mieux.
Comment cela s’applique-t-il à notre époque?
Aujourd’hui, les gens s’attendent à avoir une vue d’ensemble, avant même d’acheter quelque chose. Mon premier ordinateur m’a été offert avant que je ne sache vraiment parler anglais. J’avais le DIR et le CD de MS-DOS, pas d’internet (ou de Google), pas d’expertise communautaire à laquelle faire appel, et seulement la volonté d’apprendre. Ce fut le début d’un long et difficile parcours qui m’a conduit là où je suis aujourd’hui, à travailler avec les logiciels les plus performants et les architectures d’entreprise les plus raffinées. Je suis ingénieur, mais les leçons que j’ai apprises en cours de route étaient bien plus précieuses pour moi, de même que mon entreprise et les clients avec lesquels nous travaillons aujourd’hui. J’admets même que je n’aimais pas l’école, que je n’appréciais pas l’apprentissage forcé et que je ne respectais pas le processus.
Je crois que nous accordons trop d’importance à l’apprentissage scolaire en salle de classe. Nous devons valoriser l’exploration de la curiosité, l’apprentissage des leçons à la dure et la jouissance des fruits de l’apport en main-d’œuvre (ou la sueur du travail acharné). Le coût de la fabrication de mon sirop d’érable est peut-être plus élevé que celui de la bouteille à 10 $ achetée au magasin, mais sa valeur est aussi beaucoup plus élevée que la somme de ses parties.
Si vous êtes curieux, je vous recommande de regarder des vidéos YouTube sur l’apprentissage du piano (j’en suis à ma deuxième tentative). Je suis tombé sur une vidéo il y a quelques semaines et je me suis enfin senti en harmonie avec la génération de l’apprentissage par la pratique. Même si je n’ai que des miettes de temps libre, regarder une vidéo m’oblige à “jouer” du piano, et pas seulement à “apprendre” comment faire et à jouer du piano plus tard. En quelques jours seulement, je me suis remis à jouer du piano. En tant que dirigeants, nous devons valoriser l’expérience et adapter l’éducation pour permettre aux individus d’apprendre par la pratique, et non seulement viser un apprentissage théorique qui a peu de chances d’être mis en pratique.
Comment cela s’applique-t-il à votre entreprise?
Avez-vous déjà eu un client qui posait un tas de questions et s’attendait à une transparence totale de votre part avant de travailler avec vous? Je ne fais pas référence à des informations ou à des tests standards pour s’assurer que l’achat soit une bonne décision. Je veux plutôt dire que ce client demandait un plan de projet détaillé et adapté à son organisation, qui vous demande essentiellement de passer plus de temps à préparer le “plan” qu’il ne vous en aurait fallu pour effectuer le travail proprement dit. Oui, il y a de la valeur en jeu à mesurer deux fois et à couper une fois – mais le tailleur sur mesure ne fera pas le costume avant que le client ne convienne 1° qu’il en veut bien un et 2° qu’il soit disposé à en payer le coût.
Au lieu de surinvestir dans des plans, pouvons-nous, ainsi que d’autres opérateurs économiques, essayer, tester, échouer (si nécessaire), nous adapter et valider? Pouvons-nous commencer à accorder de la valeur à un mini cours de perfectionnement de MBA (maîtrise en gestion des affaires) plutôt qu’à un doctorat complet ? Un de mes amis proches a même déclaré qu’avoir trop de MBA sur le marché du travail (dans les années 90) a ruiné les sociétés américaines. Peut-on rédiger le plan d’affaires au fur et à mesure que l’on crée l’entreprise au lieu de l’adapter et de le suradapter pour répondre aux changements du marché sans jamais démarrer réellement l’entreprise?
Votre énergie doit se concentrer sur l’intégration. Revenons aux affaires et concentrons-nous sur la création de processus qui peuvent être rationalisés tout en offrant une culture d’apprentissage par la pratique à ceux qui travaillent avec nous. Je crois en l’apprentissage par osmose pour aider les membres de votre équipe à apprendre et à se développer. Nous sommes dans un monde où tout existe, vous devrez donc vous salir les mains pour découvrir ce qui fonctionne pour vous et votre équipe – et ce qui ne fonctionne pas.
Lisez l’article original sur Forbes (uniquement en anglais).
